Dans la paroisse de Saint-Pal de Murs, les mêmes lieux que de nos jours étaient sans doute habités, il en est d’ailleurs fait mention dans divers actes.
Saint-Pal était associé à la fois aux destinées des baronnies de Murs et d’Alègre et à celle de l’abbaye de La Chaise Dieu. Le cens : il était dû à la seigneurie de Murs pour La Grange, Serre Murées (aujourd’hui Serres), la Bastide, Combelles, Montestudier, Lamothe, Le Breuil (en 1746 suivant le livre de cens de la seigneurie de Murs). Il n’est pas fait mention des autres lieux habités, le cens était peut-être dû à l’abbaye de La Chaise Dieu ?
Les dîmes : jusqu’en 1244 elles semblent avoir été perçues par le Seigneur de Murs et c’est Odilon de Mercoeur, seigneur de Murs qui en fait don à l’abbaye entre 1244 et 1273. Le prieuré de Saint-Pal de Murs était uni à l’office de sacristain de La Chaise Dieu, c’est donc lui qui percevait les dîmes, il s’occupait de l’entretien des cloches, des vitraux, il devait pourvoir en cire et huile les autels et lampes, fournir les nappes, ornements, calices, missels. Tout prieuré lui payait d’ailleurs 6 sous.
En 1512, le chambrier, qui s’occupait du vestiaire des religieux, recevait le prieuré de Saint-Pal de Murs.
Nous avons déjà relaté les conflits intervenant entre le prieur de Saint-Pal de Murs, le sacristain, puis le chambrier résidant à La Chaise Dieu et le curé de la paroisse. Il semble bien que le prieur percevait ¾ des dîmes, le curé ¼.
Les habitants de Saint-Pal de Murs avaient peu d’empressement pour régler ces redevances et au cours des siècles on assiste à de nombreuses transactions entre les habitants et l’abbaye : convention sur les terroirs de Chambonnenc 1275, La Vessayre 1329, La Bargette 1329, Vedières-Hautes 1461.
En 1542 une transaction entre François d’Artase, seigneur de Vedières-Hautes, et les habitants de Combres et Vedières-Basses stipulait que ceux-ci paieraient annuellement trois septiers de seigle et un septier d’avoine pour le montant de la dîme, sous réserve expresse que le prieur et le curé ne pourraient exiger de leur part aucune autre dîme.
Il existe des actes de même nature afférents au Chomet, Montestudier, Monlimard, Le Breuil, Clersanges, Le Sap.
Des démêlés avaient lieu entre le Chambrier Charrier, prieur de Saint-Pal de Murs de 1601 à 1616, et deux habitants de La Bastide, Jacques Varagnat et Antoine Anglade, et il fallut une sentence du Sénéchal d’Auvergne Just de Tournon pour régler le conflit.
L’abbaye de La Chaise Dieu possédait-elle la forêt de Chantelauze ? Pierre Roger Gaussin dans son ouvrage « huit siècles d’histoire : l’abbaye de La Chaise Dieu » n’en fait pas mention, il lui attribue seulement les bois de Mozun (168 ha), La Mandie (133 ha), du Breuil et de La Chau (188 ha), de Rispres (12 ha), de Perridon (25 ha), La Garenne de Montrecoux (4 ha). Il existait cependant un officier « forestier » à Collat, chargé de la surveillance des bois de l’abbaye.
Murs
La commune a porté pendant longtemps le nom de Saint-Pal de Murs, il nous a donc paru intéressant d’étudier l’histoire du château de Murs (situé sur la commune voisine de La ChapelleBertin)
A proximité de la Senouire, proche du Moulin de Ravel, s’élevait autrefois le château de Murs, près de la Chapelle Bertin. La terre de ce nom comprenait :
Le lieu paroissial de Murs, Grandet et l’Arbre dans la même paroisse.
Le lieu paroissial de la Chapelle Bertin, Pubellier, Malfant, Champ Forestier, l’Arboulet et le Fraisse dans cette paroisse.
Le lieu paroissial de Varennes Saint-Honorat, Fontanet, l’Hermet, Neyraval, la Coste, la Viallevielle, Cheneville et le moulin de Pralong dans cette dernière paroisse. Les Murs : Murs donna son nom à une noblesse de Chevalerie dont les Sires de Mercoeur héritent en 1250. Jean de Murs (latin Muris) est témoin de donations en 1159 et 1160. Hugues de Murs est présent à un accord entre Robert IV, Comte d’Auvergne, et l’Abbé de Saint Michel de la Cluse en Piémont. Le 10 septembre 1275, Guillaume Mangeur de Murs damoiseau consent un acte de donation de la dîme des Farges près Saint-Pal de Murs au sacristain mage de La Chaise Dieu. Pierre Piassac chapelain de Beaune du diocèse du Puy y figure comme témoin. On rencontre dans la bourgeoisie du Puy une famille du même nom qui pourrait être une branche de la précédente.
Les Mercoeur : Les Mercoeur sont en possession de Murs dès le milieu du 13ème siècle. Beraud VIII marié en 1238 à Béatrix de Bourbon s’en qualifie Seigneur en 1247, il est connétable d’Auvergne et Maréchal de Bourbonnais. Odilon de Mercoeur, son fils, devient Seigneur de Murs, Saint-Cirgues et Saugues. Le 24 août 1285 il signe un accord avec Pierre de Roue prieur de La Chapelle Bertin sur les dîmes de cette paroisse. Beraud X, Connétable de Champagne, marié en 1290 à Isabelle de Forez, hérite de Murs, Saint-Cirgues et Saugues. Il en fait donation en avril 1314 à sa cousine Germaine Jeanne de Joigny épouse de Charles, Comte d’Alençon, frère du roi Philippe de Valois, elle meurt sans enfant le 21 septembre 1336.
Les Vissac : Etienne de Vissac, seigneur d’Arlanc, obtient par une transaction du 12 juin 1339 l’abandon de la Châtellenie de Murs, avec 200 livres de rentes sur le péage de Cistrières. Par lettre patente de Philippe VI de Valois donnée à Conflans en juin 1339, les châteaux, seigneuries et appartenances de Murs, à la demande du Chancelier de Vissac, sont réunis à la couronne de France. En réalité Murs relevait de la couronne depuis 1314. Etienne III de Vissac, époux de Jeanne Gabrielle de Gout, hérite de Murs, puis son fils Antoine de Vissac, seigneur de Gout d’Arlanc, époux de Marguerite d’Apchon, rend hommage au duc de Berry et d’Auvergne en 1402 et 1433. Claude de Vissac fait de même au duc de Bourbon en 1443. Son frère Antoine de Vissac hérite de Murs, il épouse Anne de la Roue, sa fille Jeanne dame de Murs, porte cette terre en contrat de mariage le 30 août 1497 à Just de Tournon.
Les Tournons : Just II de Tournon (en 1546), son fils, en jouissait, ayant épousé en 1533 Claudine de la Tour.
Les Polignac : C’est par suite d’acquisition que Louis Armand XVII, Vicomte de Polignac, possède Murs en 1575. Son fils François Gaspard Armand XVIII de Polignac en mariant sa sœur Dame Louise le 15 février 1600 à François de Saint Martial vend Murs à Petre Jean de Saint Martial père de François.
Les Saint Martial : Le 20 octobre 1610, Petre Jean de Saint Martial donne Murs à son deuxième fils Hercule de Saint Martial. Celui-ci meurt en 1630 après avoir abandonné ses droits à sa belle-sœur et à son frère. Leur fille Claude Françoise de Saint Martial reçoit Murs en dot à son mariage le 16 novembre 1643 avec François de Frétat, seigneur de Boissieux, l’Orme et Saint Pal de Murs.
Les Frétat de Boissieux : Leur fils Jean Baptiste de Frétat, marquis de Boissieux, marié le 22 juin 1687 à Thérèse de Villars, nièce du Maréchal, est Seigneur de Murs. Son descendant Louis Marquis de Boissieux, baron de Murs, meurt célibataire le 1er février 1739. Son frère Jacques Hector de Frétat, seigneur de Murs, en hérite et meurt également célibataire le 11 août 1750. Sa sœur Marthe Henriette Agnès de Frétat, héritière, la vend le 26 juin 1753 à Michel Vimal, négociant à Ambert moyennant 60 000 livres. Les Frétat de Boissieux possédaient également à Boissieux, La Pénide, Riffard Lavès, les Guillaumanches.
Les Vimal : Michel Vimal conserve Murs jusqu’à son décès le 27 janvier 1794. Murs passa avec Saint-Pal et Berbezit à son fils Berard Vimal, écuyer, allié le 25 juillet 1770 à Françoise de Mascon, qui en fut le dernier possesseur à la Révolution. Toutefois, malgré sa qualification dans l’acte de vente de 1753, de Seigneur de Murs et de Vedières, Michel Vimal fut contraint d’acquérir le 3 novembre 1760, moyennant 48 000 livres à Marie Yves des Marets, comte de Maillebois, chevalier des ordres du roi, lieutenant général de ses armées, tous les droits qu’avait ce dernier, comme héritier des Tourzel d’Alègre, sur Murs et ce « en toute justice haute et basse ». A la fin du 17ème siècle, Murs, en effet, s’était divisé en deux coseigneuries : d’une part les Frétat, de l’autre les d’Alègre. Le 12 août 1699, Yves V de Tourzel, époux de Jeanne Françoise de Garaud de Commade, en rend hommage. En juillet 1725 il en fait renouveler le terrier. Sa fille la Maréchale de Maillebois en hérite et c’est son fils Marie Yves des Marets qui cédera sa part de seigneurie à Michel Vimal en 1760. (Le château et la paroisse de Murs, Georges Paul, almanach de Brioude 1950)
La Seigneurie de Murs a donc été possédée successivement par :
les Murs : des origines à 1247
les Mercoeur : de 1247 à 1339
les Vissac : de 1339 à 1497
les Tournon : de 1497 à 1575
les Polignac : de 1575 à 1600
les Saint Martial : de 1600 à 1643
les Frétat de Boissieux : 1643 à 1753
les Vimal : 1753 à la Révolution
Nous avons vu ce que comprenait la terre de Murs, si nous consultons le livre de Cens de la Seigneurie de Murs (1746 - 1752) tenu par un certain Vauzelles (Gabriel de Vauzelles était notaire royal et greffier de la terre de Murs en 1683), nous constatons que les habitants des villages suivants paient le cens au seigneur de Murs :
La Chapelle Bertin : Murs, Grandet, L’Arbre, Pubellier, Le Fraisse, Malfant, Champforestier, Estublat ;
Josat : Clergeat, Le Sollier, Le Villard, La Tourette, Largellier, Vauzelles, Vedrines, Favayrolles ;
Sembadel : Bonnefond, Les Salles ;
Collat : Mandaroux, Chabestrat, Rioufrayt, Le Faux, Gaday, Lous Renoux ;
Connangles : Lou Magagnat ;
Saint-Pal de Murs : La Grange, Serres Murées, La Bastide, Combelles, Le Sapt, Combres, Montestudier, La Mothe, Le Braciel (Le Breuil ?). Il n’est pas fait mention des villages suivants : Valiop, La Prade, Le Chomet, Vedières, Monlimard, Pissis, Clersanges.
De la Seigneurie de Murs dépendaient donc les paroisses de Murs, La Chapelle Bertin, Varennes Saint-Honorat qui constituaient la terre proprement dite, mais aussi Josat, Collat, une partie de Saint-Léger, Sembadel, Connangles et Saint-Pal de Murs. La dépendance de la paroisse se trouve dans le nom même de celle-ci « Ecclesia Saint Pauli de Murs ». Testament de Lyon, chanoine de Saint-Agrève du Puy du 11 juillet 1252, et dans le nom d’un de ses villages : Serres Murées ou Serres Muret, aujourd’hui Serres.
Si l’on en croit l’abbé J. Odier, dans sa notice historique sur Collat et son église (1942), la route de Collat à Saint-Pal de Murs coupe près de Collat un pré appelé « la combe » ancien lac dont le droit de pèche était réservé à Collat Murs et Vedières.
Vedières Haute
Il existait un château ou une maison forte à Vedières-Hautes.
En 1542 François d’Artase était seigneur de Vedières-Hautes.
Le 6 janvier 1542, une composition entre lui et les habitants de Combres et Vedières-Basses obligeait ceux-ci à lui payer chaque année trois septiers de seigle et un septier d’avoine. Le seigneur devant les garantir contre toute autre réclamation du prieur ou du curé.
En 1752 le domaine appartient à Pierre Grangier, avocat à Riom. Pierre Grangier, secrétaire du roi, né le 16 décembre 1694, avait acheté la terre de Vedières le 30 mai 1726, moyennant 192 000 livres à Madeleine Mottier de la Fayette, veuve d’Antoine de Bouillé du Chartiol.
Le fils de P. Grangier, François, conseiller au présidial de Riom, revendit Vedières le 21 décembre 1753 à Michel Vimal, seigneur de Murs. Celui-ci avait acheté Murs en juin 1753, il acheta Berbezit le 14 décembre 1757.
Les Vimal étaient une très ancienne famille de bonne bourgeoisie d’Ambert, dont la filiation remonte à Mathieu Vimal mort en 1572
Michel Vimal, baron de Murs, secrétaire du Roy, était le fils de Bérard Vimal et de Geneviève Peschier. Il épousa le 16 février 1745 Marie Buisson et mourut le 27 janvier 1794.
Son fils Bérard Vimal, écuyer, épousa Françoise de Mascon le 25 juillet 1770 dont il eut sept enfants.
En 1812 c’est Jacques Vimal dit de Josat qui est propriétaire du domaine de Vedières-Hautes . Après son décès le 7 avril 1850, le château appartint à son fils Jean-Pierre Vimal de Josat (né le 22 juin 1806 à Vedières). Vers 1880 il vendit le château et le domaine de Vedières à un Delabre, qui était cultivateur à Collat.
Ce château était entier, vaste et parfaitement habitable mais Delabre le démolit pour en vendre les matériaux et les pierres.
Il fut dit qu’il était devenu subitement riche, ayant trouvé un trésor en faisant la démolition.
Un trésor au château de Vedières ?...
Il s’agissait peut-être de la somme d’argent remise par Bérard Vimal de Saint Pal, en janvier 1793, à son père Michel Vimal de Murs qui n’avait plus de censives et de quoi manger, soit 1200 livres, c’est-à-dire 400 écus d’or, plus 6.000 livres en assignats. Michel Vimal de Murs les aurait peut-être cachés, tout au moins le numéraire, juste avant d’être arrêté quelques semaines plus tard.
Aujourd’hui il ne reste que l’emplacement du château, avec quelques traces du mur d’enceinte, et une des deux réserves d’eau appartenant à Marie-Paule et Robert PERBET, propriétaires également du moulin à eau qu’elle alimente.
Ce moulin et celui de Lamothe, sont les seuls rescapés sur les quatorze qui existaient sur la commune.
Au cours des siècles, Saint Pal de Senouire changea plusieurs fois de nom
On le retrouve en effet cité en 1252 Saint-Pauli-de-Murs, en 1379 Saint-Paul, en 1401 Saint-Poul, ou encore en 1793 Pal-Senoïre, Saint-Pal de Murs jusqu’en 1946.
Le 3 juin 1946, pour éviter les confusions postales avec la commune de Saint-Pal de Mons (également en Haute-Loire), le conseil municipal fit le nécessaire pour que l’appellation Saint-Pal de Murs devienne Saint-Pal de Senouire.